- fion
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• 1744; o. obsc.; mot région. de l'Est; p.-ê. altér. de fignoler♦ Fam. Bonne tournure, cachet final, dernière main. Coup de fion. « le petit coup de fion nécessaire à sa présentation effective [d'un projet] » (Mac Orlan).fionn. m. (Suisse) Moquerie, allusion blessante.I.⇒FION1, subst. masc.I.— Vieilli. Dans le domaine de l'art ou d'une activité quelconque. Cachet de ce qui est fait, achevé avec talent, avec art. Donner le fion. Elle se lève pour prendre la salière qui doit, dit-elle, donner le dernier fion à la dinde (LARCH. 1861, p. 135).— Région. (Québec). ,,Fioriture, ornement`` (BÉL. 1957).— Loc. fam.♦ Avoir le fion. Avoir une adresse particulière dans un domaine. Il a le fion au billard pour les effets (Lar. 19e). Il paraît que j'ai [un garçon coiffeur] un certain fion dans le coup de fer (VILLARS, Précieuses du jour, 1866, p. 29).♦ Mod. Donner le (dernier) coup de fion. Mettre la dernière touche à un ouvrage pour le perfectionner. Les peintres n'ont plus que trois jours pour donner à leurs tableaux ce qui s'appelle le coup de fion. (Marx, 1866 ds LARCH. 1872, p. 138). Il [Jean] rentrerait à Paris pour le dernier coup de fion du concours (L. DAUDET, Entremett., 1921, p. 55).II.— Région. (Est, Suisse). Remarque, allusion blessante. Synon. pique. Il [le curé] préférait les étrangers et les étrangères de passage et lançait le dimanche du haut de sa chaire des fions à ses paroissiens (M. CHAPPAZ, Portrait des Valaisans, Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, n° 48, 1965, p. 123).REM. Fion(n)er, (Fioner, Fionner)verbe trans. a) Donner le fion (à un objet, une œuvre) (d'apr. LITTRÉ). b) Au fig. Agrémenter les lettres de fioritures. Je parviens à faire tenir (...) quelques phrases qui ont l'air d'ivrognes tant les mots diffèrent d'attitudes, grâce aux haltes que j'ai faites à chaque syllabe pour les fioner! (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 73).Prononc. :[
]. Étymol. et Hist. 1744 « coup » ficher un fion (VADÉ, Chanson sur la prise de Menin en 1744, Oeuvres posthumes, 254); 1792 « dernière touche, dernier soin qu'on donne pour parfaire un ouvrage » (MERCIER, Tableau de Paris, VI, 296 ds GOHIN, p. 320). Orig. obscure. Si le sens premier du terme est bien « dernière touche, dernier soin qu'on donne pour parfaire un ouvrage » comme l'indiquent les emplois région., assurément anc. car le mot est passé en québécois, et les dér. fionner « faire le beau, se pavaner » (cf. FEW t. 3, p. 564b) et fionneur (1744 affineur fionour, GILLART, Dict. fr. breton d'apr. Esnault ds Fr. mod. t. 15, p. 197), l'hyp. d'une formation, avec altération expressive, à partir de fignoler (FEW, t. 3, p. 568, n. 29) est vraisemblable sans exclure la possibilité d'une manifestation onomatopéique pour aboutir à cette forme (cf. aussi SAIN. Lang. par., pp. 81-85 qui suppose une orig. purement onomatopéique comme terme de jeu évoquant un coup). Bbg. GOHIN 1903, p. 320. — QUEM. DDL t. 2 (s.v. fionner).
II.⇒FION2, subst. masc.ARGOTA.— [Désigne une partie du corps hum.]1. Le derrière. Tortiller du fion; recevoir des coups de pied dans le fion. Synon. cul. Sa dabesse (...) la r'conduit à la tôle à coups d'ribouis dans l'fion (BRUANT, Dict. fr.-arg., 1905, p. 317). Elle a jamais dû s'laver l'fion, c'te môme! (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 29).2. Rare. L'anus. Il s'était fait tatouer juste au-dessus du fion : « Attention! ver solitaire méchant! » (SIMONIN, Pt Simonin ill., 1957, p. 133).— Au fig. [Pour énoncer un jugement de valeur] Se carrer (se foutre, se mettre) qqc. dans le fion. Rejetter quelque chose comme sans valeur, méprisable. Synon. se foutre (se mettre) quelque chose au cul. Tu peux te les carrer dans le fion (SIMONIN, Pt Simonin ill., 1957 p. 74).B.— Au fig. Chance. Manquer de fion. Synon. bol, pot. Je pourrais, avec un peu de fion, lui passer une rafale dans le corps, à la surprise (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 142). Second coup de fion, j'ai eu pile Lily à l'appareil (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953 p. 70). Le même soir il avait eu le fion de butter Pedro (...), de pincer cent sacs (...) et pour conclure, d'emballer Renée (SIMONIN, Pt Simonin ill., 1957, p. 133).Prononc. :[]. Étymol. et Hist. [1880 d'apr. CHAUTARD, Vie étrange arg., p. 392] 1901 (BRUANT, s.v. derrière). Var. de fignon qui est dans le composé troufignon « postérieur, anus » (ca 1610, BEROALDE DE VERVILLE, Moyen de parvenir, éd. impr. de Chinon, p. 67 et 108 ds LA CURNE, s.v. fignon et troufignon), d'où aussi troufion (SAIN. Lang. par., p. 96; ESN., s.v. troufion II). De même que les termes pop. ou dial. comme figne, fignard, fignot, etc., fignon est d'orig. inconnue (FEW t. 21, p. 307a). L'interprétation « trou élégant » de trou fignon (ESN., loc. cit.) qui donnerait à fignon la même orig. que fion1 ne peut être retenue en l'absence d'attest. assez anc. (notamment de fion1) confirmant cette hypothèse.
1. fion [fjɔ̃] n. m.ÉTYM. 1744; orig. obscure; mot régional de l'Est; p.-ê. altér. de fignoler, ou (Guiraud), forme de fignon, d'un dér. de fin.❖1 Fam. Bonne tournure, cachet final, dernière main. ☑ Donner le fion (vieilli), le coup de fion. || Il n'y manque qu'un petit coup de fion.0 (…) j'eus le loisir de ruminer ce projet et de lui donner le petit coup de fion nécessaire à sa présentation effective.P. Mac Orlan, Quai des brumes, p. 61.2 Pop. Derrière, anus. ⇒ Cul. — REM. il ne s'agit peut-être pas du même mot, cf. l'élément fignon de troufignon (de mignon).❖HOM. 2. Fion.————————2. fion [fjɔ̃] n. m.ÉTYM. 1793, « affront, injure »; p.-ê. de donner un coup de fion (→ 1. Fion), d'où « insulte fine »; probablt formation expressive (ou onomatopéique) d'après fignoler.❖0 Il (le curé) préférait les étrangers et les étrangères de passage et lançait le dimanche du haut de sa chaire des fions à ses paroissiens.M. Chappaz, Portrait des Valaisans, p. 123.❖HOM. 1. Fion.
Encyclopédie Universelle. 2012.